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Les cours tiennent la distance !
Après quelques jours de transition et d’adaptation aux consignes gouvernementales, l’enseignement distantiel a été généralisé le 23 mars avec les outils adéquats et la constitution des groupes pédagogiques virtuels.
Si l’Ecole ne s’est pas retrouvée au dépourvu face à cet état de fait, il est intéressant de voir, à travers les retours d’expérience d’enseignants-chercheurs, que l’essentiel reste présent même à distance, à savoir l’accompagnement individualisé et la dimension humaine !
Sébastien Douaillat, professeur en Business Intelligence et Gestion de Projet.
Anne Gougé, professeur de marketing.
Daniela Borodak, professeur d’économie et responsable du Learning Lab
Quelques chiffres-clés
- 1420 étudiants passés en enseignement distantiel
- 166 groupes créés dans TEAMS (par niveaux et filières/spécialisations, business games, etc.)
- 125 cours programmés du 23 au 28 mars
- 45 enseignants-chercheurs permanents actifs sur TEAMS
- 52 intervenants extérieurs et professionnels actifs sur TEAMS
Témoignage de Sébastien Douaillat, professeur en Business Intelligence et Gestion de Projet.
Est-ce que le passage en 100% distanciel est plus simple à gérer pour certains sujets d’enseignement que d’autres ?
Oui, en particulier sur les projets où les étudiants doivent faire des présentations régulières de leur travail sur des logiciels (ce qui est le cas pour tout ce qui touche à la méthode agile), le fait de partager leur écran directement via Teams permet d’avoir une meilleure qualité que dans une salle avec un vidéo projecteur, et ceux qui présentent ne sont pas perturbés par les chuchotements ou autres comportements inadéquats de certains de leurs camarades. Je l’ai vérifié sur mes cours de Business Intelligence en Bachelor et en Master of Science.
Comment s’assure l’accompagnement des étudiants, en plus de la continuité pédagogique ?
La collaboration que permet Teams pour des cours à distance peut également être utilisée pour accompagner et renseigner des étudiants via des entretiens individuels qui sont même parfois plus simples à planifier que si l’étudiant devait prendre rendez-vous physiquement dans le bureau d’un enseignant. Ces derniers jours, j’ai pu aider une dizaine d’étudiants à choisir leur future spécialisation de Master 2 à travers un échange Teams rapide où ils ont pu me poser toutes leurs questions directement. C’en est un bon exemple.
Est-ce que cette séquence à distance va changer durablement la manière d’enseigner ?
Oui et non, car elle nous permet de progresser rapidement sur l’utilisation d’outils pédagogiques et numériques complémentaires à l’enseignement traditionnel en présentiel, mais ce n’est qu’une étape intermédiaire dans le « blended learning » par rapport à un passage en total « e-learning » pour certains modules. Néanmoins tout le monde reste convaincu que de nombreux cours nécessiteront toujours un enseignant en face à face, jusqu’à ce que l’intelligence artificielle nous supplante sur ce domaine également . 😉
Témoignage de Anne Gougé, professeur de marketing.
Le calendrier a voulu que, dès la première semaine en 100% virtuel, vous ayez un serious game au programme : comment vous êtes-vous adaptée ?
Au départ, sincèrement, je me suis demandée comment j’allais pouvoir faire pour basculer en digital en aussi peu de temps. Un peu comme si un journal devait imaginer et mettre en ligne sa version numérique en 3 jours. Mais le Jeu Compét’Agences est un moment important qui clôture les enseignements de Fondamentaux du marketing de la 1ère année de Bachelor et il n’était pas imaginable que je ne le joue pas cette année. Heureusement, une formation au sein de notre Learning Lab quelque temps auparavant m’avait permis de m’initier aux classes virtuelles : je n’ai plus eu qu’à passer à la pratique en accéléré !
Le principe du jeu est le suivant : les 140 étudiants de la promotion sont répartis en équipes et jouent le rôle d’agences de communication ; le professeur, lui, joue le rôle de l’annonceur.
A 8h30, l’annonceur briefe les agences de communication : celles –ci sont en compétition toute la journée pour tenter d’être, à la fin, celle que choisira l’annonceur. C’est un jeu de rôles qui réplique à 100% la réalité de la vie des agences de communication. Un brief, un temps limité, une chance de remporter le budget …ou pas.
Cette année, le sujet du brief portait sur une jeune marque locale de baskets en laine recyclée, UBAC, qui a su inspirer la créativité des étudiants/agences.
Coté professeurs, nous nous étions organisés pour coacher tous nos étudiants via Teams, très utile également pour la coordination entre nous tout au fil de la journée.
Au final, nous avons eu du mal à départager les agences gagnantes car les créations étaient d’un niveau très pro. Et je dois avouer que mes étudiants m’ont vraiment impressionnée par la qualité de leurs travaux.
Est-ce que, d’après vous, les modalités actuelles de cours changent la nature ou la qualité des interactions avec les étudiants ?
Les plateformes de classes virtuelles sont très utiles pour communiquer en visio avec les étudiants mais l’écran crée forcément une distance et ne permet pas de saisir aussi finement qu’en vrai les signaux du non-verbal. Encourager, motiver, transmettre son enthousiasme sont moins aisés.
Comme je connaissais déjà très bien mes étudiants, nous n’avons pas eu de mal à switcher sur un autre mode de communication mais je pense que l’exercice aurait été plus périlleux si cela avait été notre premier cours ensemble.
Il est certain également que les interactions ne sont pas aussi spontanées qu’elles peuvent l’être en classe « physique ». En revanche, elles gagnent en sérieux et professionnalisme.
Est-ce que cette séquence aura un impact sur la manière de concevoir vos futurs cours ?
Le distantiel permet de travailler de façon fine la structuration du scénario pédagogique et de bien définir en amont les objectifs d’apprentissage. L’avoir expérimenté cette semaine m’a permis d’en saisir autant l’intérêt que les limites et je pense aller encore plus vers du blended learning dans mes futurs cours pour pouvoir associer les avantages du physique et du digital, une pédagogie phygitale, en quelque sorte ! Toutefois, honnêtement, concernant ce jeu, en particulier, j’espère pouvoir le rejouer en « vrai » pour pouvoir retrouver l’atmosphère créative, joyeuse et stimulante d’une compétition entre agences.
Témoignage de Cédrine Zumbo-Lebrument, professeur de marketing et responsable de la filière retail, 100% tournée vers l’expérientiel.
Comment se passent les cours avec vos étudiants dans ces conditions ? Est-ce que la nature du travail a changé ?
A l’école, nous privilégions la proximité entre enseignant et étudiant et, particulièrement au sein de la filière RETAIL, sur l’expérimentation grâce aux expériences terrain proposées par l’ensemble des partenaires de la filière qui permettent aux étudiants de découvrir les coulisses, les façons de travailler des différentes enseignes de la grande distribution alimentaire ou spécialisée. Il est évident que dans ce contexte, nous ne pouvons répondre à ce parti-pris de la même façon qu’auparavant. En revanche, de cette contrainte, nous avons une opportunité pour ré-inventer notre façon d’enseigner, d’être créatif et faire confiance à nos étudiants qui se révèlent être beaucoup plus agiles et créatifs dans leurs usages que nous pouvons le penser. Par exemple, sur le module ”Gestion de la logistique et supply chain” piloté par Geoffrey Teysedre, responsable logistique IKEA Clermont-Ferrand, la dernière séance de cours se fera à distance via TEAMS. Pour le module ”Gestion de la relation client”, avec Céline Amouroux, directrice de Zodio Clermont, nous sommes en train de réfléchir à la manière dont nous allons pouvoir transformer la visite magasin initialement prévue début mai en visite virtuelle et explication en classe virtuelle, etc… Les choses se mettent en place au cas par cas.
Pendant la semaine de transition j’ai pu transmettre aux intervenants sur la filière Retail que l’essentiel dans la mise en place de la continuité pédagogique, c’est d’être présent pour dispenser les cours, pour accompagner les étudiants, les rassurer et répondre à leurs questions tout en étant « souples ». C’est important, car il faut bien être conscient que nous n’avons pas tous les conditions optimales pour travailler (PC partagé à plusieurs dans certains foyers, mauvaise connexion internet, temps de travail des alternants en retail très énergivore…). Alors oui, il faut assurer la continuité pédagogique, garder contact (le groupe fermé Facebook fonctionne bien pour cela) mais ils sont aussi invités à lire des ressources en ligne, écouter de la musique, s’abonner à certains podcasts conseillés, suivre les cours de pilates ou de cardio en ligne ^^, tester les recettes ”avec les fonds de placard” en suivant quelques influenceurs pertinents, d’applaudir aux fenêtres à 20h pour soutenir le personnel soignant, organiser des skypes/facetime apéro (avec modération), jouer à des jeux de sociétés… en un mot, il faut rester ”souple” au regard de la situation et les inviter a se faire du bien pour tenir sur la durée. La vie continue !
La filière étant très orientée « learning by doing », comment parvenez-vous à tout retranscrire en ligne ?
C’est exact, c’est la singularité de cette formation. Heureusement, une très grande partie des visites, participation au challenge Nature & Découvertes, se sont déjà déroulées, en grande partie sur le 1er semestre, afin de permettre aux étudiants de pouvoir rapidement expérimenter les apports théoriques.
Néanmoins, il reste un temps fort de cette formation qui réside dans la participation des étudiants au Business Game : Cesim Retail le 2/3 et 6 avril prochain.
Ce jeu permet de développer la capacité des étudiants à penser, repenser et adapter leurs stratégies et leurs décisions dans un environnement concurrentiel, très proche d’une situation réaliste, comme disent les étudiants ”comme dans la vraie vie”. Ils sont à la ”tête” d’une station service. Ils sont en équipe de ¾ étudiants et l’ensemble des équipes sont en inter-relations. Ce jeu va pouvoir se jouer à distance sans souci. D’ailleurs, Raoul Sobreville, responsable Cesim, basé en Finlande m’indiquait récemment ”pas d’inquiétude pour que les étudiants puissent se connecter, nous avons 3000 étudiants chinois qui jouent au moment où je vous parle”.
Actuellement beaucoup de vos étudiants sont en activité dans des enseignes qui continuent à servir les clients. Restez-vous en relation avec eux ? Comment les aider ?
Bien sûr nous restons en constante relation avec aussi le service Relations Entreprises qui s’assure qu’ils vivent bien la situation. C’est une expérience vraiment particulière qu’ils sont amenés à vivre, et vraiment je leur tire mon chapeau car ils ont une attitude très pro et très responsable. Je reste en contact permanent via le groupe FB, mais surtout j’essaie de les aider dans leur recherche d’alternance car ils n’ont plus aucun temps à y consacrer. Je leur apporte mon réseau et ai lancé, sur Linkedin, une opération #1jour1alternantRetail, où je présente chaque jour un étudiant en commentant son parcours et en invitant mon réseau à partager. Le distance n’exclut pas la dimension humaine, bien au contraire.
Témoignage d’Anne Pats, professeur d’économie et responsable de la filière Passion Sport. Avec entre autres la formation de Sportifs de Haut Niveau.
L’apprentissage en distanciel n’est-il pas un passage obligé quand on veut former ce public de Sportifs de Haut Niveau ?
A l’origine de la création de la filière sport dans l’Ecole il y a eu la nécessité de réfléchir à un fonctionnement pédagogique différent, avec la mise en place de cours en distanciel et un process de production des cours en « blended learning ». Les sportifs de bon et haut niveau représentant un public à part, ils demandent une flexibilité et une adaptabilité aussi bien en termes de disponibilité, que d’agenda et de modalités d’apprentissage. A la rentrée 2019 le lancement du nouveau programme Executive Bachelor, à nouveau avec des sportifs professionnels, a permis d’avancer plus encore sur ce terrain. Nous y avons 15 rugbymen de l’ASM, d’Aurillac et de Nevers qui profitent de ce système qui lie avec apprentissages synchrone et asynchrone, avec un dispositif de tutorat en parallèle. Les outils utilisés ou expérimentés, tels que TEAMS et Zoom, ont permis de bien fonctionner et ont donc généré un retour sur expérience positif, lié à la réflexion plus globale sur la pédagogie. Ce n’est pas un hasard si ce sont aujourd’hui les outils que nous avons déployés en moins d’une semaine pour le 100% distanciel pour l’ensemble de l’Ecole et qui nous permettent de maintenir la continuité pédagogique.
Comment avez-vous géré la semaine dernière pour accélérer le process avec eux ?
Il faut bien voir qu’en parallèle les sportifs ont été mis en chômage partiel et ça a donc immédiatement ouvert des perspectives de formation plus intenses ! Nous avons contacté individuellement tous les étudiants de la filière Passion Sport et avons fait le point sur leur situation : était-ce pour eux une opportunité pour récupérer du retard ou bien prendre de l’avance ? Quoi qu’il en soit l’ensemble des enseignants qui suivent ces sportifs, en formation initiale ou continue, est amenée à augmenter sur cette période son temps de travail, dans des modalités auxquelles ils sont déjà habitués ! Ce n’est donc pas vraiment une transition pour eux : coaching et tutorat via visioconférences, dossiers à rendre et rattrapages ont ponctué cette première semaine. Cette réactivité, des deux côtés, est importante !
Le passage en distanciel concerne aussi les intervenants professionnels, comment gérez-vous leur formation ?
En fait on peut regrouper nos intervenants professionnels dans deux catégories. Ceux qui ont une activité pédagogique récurrente se sont adaptés sans difficulté à l’usage distanciel, ils sont déjà agiles pédagogiquement ! Avec les intervenants ponctuels nous allons faire aussi du cas par cas, en fonction de leurs propres contraintes – car ils en ont aussi dans un moment de crise comme celui-ci – et leur maîtrise des outils. En fonction de cela, soit nous adapterons leur intervention en distanciel, soit nous reporterons leur intervention à la réouverture du campus que l’on espère, pour tous, pas trop lointaine.
Témoignage de Daniela Borodak, professeur d’économie et responsable du Learning Lab
Quand on est en charge du Learning Lab de l’Ecole, quel point de vue on a sur ce passage temporaire en 100% distanciel que nous vivons ?
Ce que nous vivons conduit indéniablement à l’accélération du changement des pratiques pédagogiques.
Pour les enseignants qui ont déjà effectué la transition vers des stratégies pédagogiques diversifiées, avec une utilisation régulière d’outils numériques, les choses ne changent qu’à la marge, avec l’introduction de nouveaux outils.
En revanche, pour ceux qui enseignent principalement en échange présentiel, avec des supports de cours en ligne et un usage de premier niveau de la plateforme numérique LMS, la période actuelle est synonyme d’enrichissement. C’est aussi un moment où les enseignants sont conduits à repenser l’alignement pédagogique dans leurs cours : quels objectifs, quels moyens, quelles formes d’évaluation et de feed-back ?
En ce qui concerne le Learning Lab – dont le rôle est de recenser les innovations pédagogiques dans l’Ecole et tester de nouveaux usages –, la suite de cette période de confinement sera cruciale. Elle permettra de repenser le développement professionnel des enseignants, de soutenir les compétences acquises et surtout aider à l’acquisition de nouvelles de façon cohérente et sereine !
Utilises-tu d’autres outils que Teams avec tes étudiants pour assurer la continuité pédagogie (et si oui pourquoi) ?
Oui, j’utilise Piazza, car c’est un outil qu’un quart des enseignants a testé avec succès l’année dernière. Cet outil est intégré dans notre LMS et, personnellement, je l’utilisais déjà dans tous mes cours, sans exception, pour 2019/2020. Piazza est également l’outil « forum » du Learning Lab. C’est un excellent outil qui permet de faire tout le nécessaire avant, pendant, après le cours, à l’exception de l’échange en visioconférence.
Comment s’est passé le passage en « virtuel » avec les étudiants ?
Utilisant déjà Piazza en temps normal, la différence pour moi et mes étudiants n’est pas un passage aux échanges « virtuels » mais un élargissement des outils numériques utilisés avec TEAMS.
La suppression des échanges en présentiel n’est pas dommageable sur la qualité des contenus échangés – à court terme. Cependant, il me semble que les échanges par écrit (qui sont conservés) enlèvent une certaine spontanéité et brident parfois les étudiants dans leurs questions. Peut-être que les discussions sont plus brèves et vont aujourd’hui à l’essentiel… C’est là où la visioconférence peut faire une différence : elle peut être plus informelle.
Témoignage de Pascale Borel, professeur de marketing et membre du Learning Lab
Comment le lien avec les étudiant(e)s perdure en distanciel ?
Le 100% distanciel a obligé à trouver de nouvelles formes de communication et d’échanges, entre les enseignant.e.s et les étudiant.e.s, même si c’est moins vrai pour les étudiant.e.s qui privilégiaient déjà au quotidien une communication digitale en distanciel.
Le premier enjeu est d’arriver à maintenir la spontéanité des échanges . Les jeux de questions-réponses, qui constituent une partie importante de l’apprentissage dans la salle de cours, sont moins fréquents et moins nourris qu’en présentiel. Bien sûr, le recours à des outils de chat et de forum donne la possibilité de recréer ces espaces d’échanges. Ces outils présentent l’avantage de permettre à chacun de s’exprimer sans créer de désagréments pour les autres. Pour ma part, j’ai utilisé le chat avec une classe virtuelle dans le but de dynamiser un exercice de « questions réponses » dont l’objectif était de tester les connaissances acquises par les étudiant.e.s. A chaque question, les étudiant.e.s apportaient leur réponse, simultanément, sans créer le brouhaha que nous aurions eu dans une salle de cours. Les plus timides se sont exprimés plus facilement et j’ai pu ainsi mesurer l’avancement de chacun.e des 37 étudiant.e.s, ce qui aurait été plus difficile à faire dans une salle de cours. Nous pouvons donc trouver des solutions pour pallier certains inconvénients du distanciel.
La dynamique de groupe que l’on retrouve dans la salle cours est également plus difficile à transposer. Elle peut être entretenue par le recours aux travaux de groupe. Nos étudiant.e.s travaillent depuis longtemps sur des projets communs à distance donc le confinement ne modifie pas leurs méthodes de travail. Par contre, cette dynamique doit être maintenue avec les enseignant.e.s. Il est donc important de s’appuyer sur des outils comme Teams pour multiplier et dynamiser les moments d’échanges collectifs.
Le distanciel donne aussi une place plus importante à la communication écrite. Il y a plus de dialogues écrits et d’échanges de documents entre les enseignant.e.s. et les étudiant.e.s., permettant de travailler davantage sur le vocabulaire et l’orthographe. Sur ces aspects, le distanciel est tout à fait bénéfique !
Le dernier enjeu est, il me semble, que le distanciel demande des efforts de concentration et une implication plus soutenue de la part des étudiant.e.s. Je crains qu’une lassitude voire une démission puisse toucher certain.e.s étudiant.e.s si la situation perdure. A titre de comparaison, nous savons aujourd’hui que les MOOC enregistrent des taux d’abandon très élevés. Or les spécificités de l’enseignement en distanciel font que les pertes de motivations des étudiant.e.s sont plus difficiles à déceler.
Au final en basculant 100% de nos enseignements en distanciel, nos étudiant.e.s peuvent ainsi poursuivre leur apprentissage et ne pas subir d’interruption dans leur cursus mais il nous faut rester vigilants sur la manière d’accompagner nos étudiant.e.s pour assurer leur réussite dans la poursuite de leur cursus.
Est-ce que certains cours sont plus faciles à être transposés en distanciel que d’autres ?
Nous avons pu démontrer ces dernières semaines que beaucoup d’enseignements, issus de disciplines variées, peuvent être transposés en distanciel. Néanmoins, certaines thématiques, que les enseignants savent être complexes à expliquer en présentiel, demandent aux enseignant.e.s de trouver les moyens de les enseigner en distanciel. De mon point de vue, le distanciel oblige les enseignant.e.s à être encore plus créatif pour dispenser des enseignements parfois compliqués, qui dans une salle de cours soulèvent beaucoup de demandes d’explications de la part des étudiant.e.s. J’ai fait cette expérience, sur un point de cours que je sais être un peu compliqué, j’ai choisi d’enregistrer des capsules d’explications, nourries d’exemples, afin que chacun.e puisse revenir dessus, autant de fois que nécessaire. Je pense également indispensable de proposer des formats de cours différents, permettant de varier les outils et les modes de communication afin de dynamiser les enseignements. Le passage au distanciel a obligé les enseignants à retravailler complément l’adéquation entre les contenus pédagogiques et les outils du distanciel dans le respect des objectifs pédagogiques et des modes d’évaluation.
La palette d’outils dont nous disposons pour assurer nos cours en distanciel est un réel soutien à la créativité des enseignant.e.s. Mais l’outil ne fait pas l’enseignement. Il n’est que l’instrument qui va soutenir les moyens d’atteindre un objectif pédagogique. Les outils peuvent aussi montrer leurs limites. Je pense aux enseignements que nous proposons comme le « Workshop créativité et innovation » centré sur l’expérience vécue et sur « le faire ». Nous n’aurions pas pu transposer cet enseignement sans revoir ses objectifs. Le présentiel et le distanciel sont des formats d’apprentissage qu’il ne faut surtout pas opposer mais au contraire associer. C’est tout l’intérêt du blended learning, nous développons dans notre Ecole, qui en associant le présentiel et le distanciel, permet de tirer parti des avantages de chaque format.
Est-ce que vous pensez que cette séquence aura un impact sur vos pratiques pédagogiques pour les prochaines années ?
Oui c’est évident, il y aura un avant et un après pour les enseignant.e.s mais aussi pour les étudiant.e.s. La situation que nous vivons aujourd’hui nous a obligé à transformer tous les enseignements en distanciel, en un temps record. L’appui de notre Learning Lab et l’esprit d’innovation qui anime l’équipe pédagogique ont été des facteurs déterminants dans la mise en œuvre de la continuité pédagogique.
Pour les enseignants, cette période, aura permis d’expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques et de développer des contenus pédagogiques dans des formats différents. Cette dynamique aura des vertus qui perdureront après le confinement. Les matériaux créés pourront être exploités en dehors du confinement pour répondre aux différentes situations de nos étudiant.e.s et à leur besoins de mobilité. Mais je suis aussi convaincue que cette période aura aussi permis de redémontrer les atouts du présentiel sur l’apprentissage des disciplines, des savoir-faire métiers et des soft skills.
La suppression des échanges en présentiel n’est pas dommageable sur la qualité des contenus échangés – à court terme. Cependant, il me semble que les échanges par écrit (qui sont conservés) enlèvent une certaine spontanéité et brident parfois les étudiants dans leurs questions. Peut-être que les discussions sont plus brèves et vont aujourd’hui à l’essentiel… C’est là où la visioconférence peut faire une différence : elle peut être plus informelle.
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