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L’écologie a-t-elle sa place dans la comptabilité ?
Qui, aujourd’hui, peut encore croire que les modèles sur lesquels reposent notre société peuvent perdurer ? Quand les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir, quand le scénario du pire devient réaliste et que les prédictions du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) font état de conséquences désastreuses à court terme, les consciences s’éveillent. Les entreprises, obligées d’agir pour survivre, doivent développer de nouveaux rapports avec le vivant et prendre leur part de responsabilité : émergent alors de nouvelles façons de compter, d’innover, d’investir et de générer de la valeur.
VERS UNE TRANSFORMATION DE LA COMPTABILITÉ ?
En entrevoyant les conséquences catastrophiques d’une augmentation globale des températures, de nombreuses entreprises se mettent en ordre de marche : certaines épousent le concept de redirection écologique, d’autres développent des modèles plus circulaires, plus vertueux… De fait, les actions en faveur de l’environnement se multiplient. Mais malgré tout, les entreprises restent aujourd’hui en grande partie responsables de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique. Bien clarifier leur rôle dans la trajectoire climatique et écologique de notre époque exige que l’on puisse rendre visible l’articulation entre économie et écologie. Se pose alors la question de la mesure des impacts environnementaux de l’activité des entreprises. Est-il aujourd’hui envisageable, nécessaire voire impératif de rendre compte, dans les états financiers, des conséquences environnementales de l’activité des entreprises ?
INFORMER ET SENSIBILISER POUR MIEUX FORMER
Sous l’impulsion de Christelle CHAPLAIS, enseignante chercheuse à l’ESC Clermont BS après dix années passées chez Deloitte, les futurs experts-comptables (EC) / commissaires aux comptes (CAC) formés au sein de la filière Audit Expertise Conseil, du Master Grande Ecole, ont pris le temps de réfléchir sur les tenants et aboutissants d’une “Comptabilité écologique” et d’approfondir la question suivante : la finance et la comptabilité (au sens large, incluant le reporting extra-financier) ont-elles un rôle à jouer dans « ce nouveau monde » ?
« Les enjeux écologiques sont tels que seuls des changements profonds permettraient de freiner l’emballement climatique et de s’inscrire dans une démarche de préservation de l’environnement. Cela nécessite une prise de conscience le plus tôt possible et dans tous les domaines. La comptabilité en tant que langage des entreprises et outil de prise de décisions a un rôle majeur à jouer. Or son enseignement repose aujourd’hui sur le modèle traditionnel, purement financier, aveugle à l’écologie. Il me semble indispensable de sensibiliser les futurs EC / CAC à la comptabilité écologique afin de les encourager à promouvoir et accompagner les changements nécessaires dans le monde de demain. » Christelle Chaplais, Enseignante chercheuse à l’ESC Clermont BS
UNE INITIATION À LA COMPTABILITÉ ÉCOLOGIQUE EN 7 SÉANCES
En guise d’introduction, les interventions de Dorothée BROWAEYS, présidente de Tek4Life et auteure de l’ouvrage « L’Urgence du vivant – Vers une nouvelle économie » et de Diego LANDIVAR, enseignant chercheur à l’ESC Clermont BS et co-fondateur et directeur du laboratoire Origens Medialab, ont permis à chacun de prendre conscience de l’urgence écologique, des limites planétaires et du rôle de la comptabilité et de la finance dans le contexte de l’anthropocène.
« La loi Pacte incite les entreprises à préciser leur « raison d’être ». En se situant dans les limites climatiques et biologiques, elles sont amenées à « rendre compte » de leurs impacts et/ou de leurs contributions aux équilibres vitaux. Mais la comptabilité actuelle est une boite noire qu’il faut enrichir pour y suivre désormais l’évolution des capitaux naturels et sociaux. Un enjeu pour prouver la viabilité des organisations. » Dorothée Browaeys, présidente de TEK4life
Grâce à un temps d’échange privilégié avec Dominique RADAL, responsable de la Transformation et de la Performance Durables chez MICHELIN et des exemples concrets tirés de son expérience, chacun a pu saisir la limite d’une analyse strictement financière et prendre note de l’urgente nécessité d’intégrer des critères extra-financiers.
Riches de ces différentes rencontres et de discussions préliminaires alimentées par des lectures d’actualité, les étudiants ont ensuite découvert les réglementations, dispositifs et référentiels en matière de reporting extra-financier. Afin de se plonger dans la complexité des publications des grands groupes et développer leur esprit critique, nos étudiants, rassemblés en plusieurs groupes de travail, étaient invités à construire la grille d’analyse critique d’un reporting extra-financier d’un groupe du CAC 40.
Enfin, en présence de Sophie MARMORAT, enseignante chercheuse à l’ESC Clermont BS, les étudiants ont découvert la comptabilité multi-capitaux et notamment le modèle CARE (Comptabilité Adaptée au Renouvellement de l’Environnement).
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