#Expérience étudiante
14.02.2024

[Baromètre] Les étudiantes et les étudiants des Grandes Écoles ont-ils les mêmes ambitions ?

Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a présenté les résultats de sa sixième étude annuelle sur le sexisme en France. On peut y lire qu’un homme sur cinq de moins de 35 ans considère normal, à poste égal, de mieux gagner sa vie qu’une femme. Ce résultat interroge. Loin de s’estomper, les stéréotypes semblent tenaces. Mais qu’en pensent les étudiantes et étudiants des Grandes Écoles ?

Le mercredi 13 décembre 2023, l’Association Française des Managers de la Diversité, en partenariat avec la Conférence des grandes écoles (CGE) et l’ESC Clermont BS ont présenté les résultats du troisième baromètre portant sur les stéréotypes de genre et les valeurs professionnelles des étudiantes et étudiants des Grandes Écoles. Cette étude cherche à identifier et décrypter la manière dont certaines croyances sociales déterminent des parcours de formation et des orientations professionnelles.

Pour en savoir plus sur ce baromètre et ses résultats, nous avons posé quelques questions à Pascale Borel, enseignante-chercheuse à l’ESC Clermont BS et co-autrice de cette étude menée avec Tanguy Bizien, Responsable des études et Manon Ouvrard, Chargée d’études et de projets à l’AFMD.

Quel est le fil conducteur de ce baromètre et quelle est la particularité de la dernière édition ?

Le fil conducteur de toutes les éditions de notre baromètre a été la mise en lumière des stéréotypes de genre. Cette année, avec mes co-auteurs Tanguy Bizien et Manon Ouvrard, nous avons choisi de nous pencher plus particulièrement sur le thème de l’ambition. En effet, il nous a paru intéressant d’explorer ce concept.

Comme pour les éditions précédentes, l’enquête a été adressée aux étudiantes et aux étudiants des Grandes Écoles par le biais des établissements membres de la CGE et de l’AFMD. Nous avons collecté plus de 4 200 réponses ce qui nous a permis de constituer un échantillon de 3 585. D’année en année, le succès de cette enquête nous confirme l’intérêt porté par les Grandes Écoles et les étudiant.es pour le sujet. La surreprésentation des femmes dans l’échantillon est également selon nous un signe fort de l’intérêt plus particulier que les jeunes femmes ont pour la thématique du baromètre.

Depuis 3 ans, vous éditez le baromètre sur les stéréotypes de genre et les valeurs professionnelles des étudiantes et étudiants des Grandes Écoles. Les résultats de cette 3e édition vous ont-ils surpris ?

Nous ne notons pas de réelle rupture concernant les stéréotypes de genre… Changer les mentalités est un processus long. On peut toutefois souligner le fait que comme pour les éditions précédentes, une très forte majorité des répondants, précisément 80,1% des étudiant.es considèrent que les femmes et les hommes ont les mêmes compétences. Ce résultat atteste selon nous d’une véritable aspiration à l’égalité affirmée et revendiquée par les étudiant.es. Mais malgré ce chiffre encourageant, seule une minorité arrive finalement à s’extraire complètement des stéréotypes. En effet, dès lors qu’on énumère distinctement les 23 compétences professionnelles retenues pour l’étude, seuls 39,5 % de l’échantillon attribuent les mêmes qualités aux hommes qu’aux femmes.

Selon vous, les stéréotypes de genre influencent-ils le parcours des étudiantes et étudiants des Grandes Écoles ?

Nous savons déjà que les choix de parcours et de filières de formation sont genrés. À ce titre, si les écoles de management atteignent quasiment la parité dans leurs promotions, l’enquête “effectifs” produite chaque année par la CGE montre qu’en moyenne les écoles d’ingénieurs sont composées d’environ deux tiers d’hommes pour près d’un tiers de femmes (cette répartition variant beaucoup selon les spécialités des écoles d’ingénieurs). Notre enquête tente d’aller plus loin en montrant qu’après avoir intégré ces grandes écoles, les femmes et les hommes nourrissent des attentes professionnelles et une ambition différentes.

Au travers de ce baromètre, vous vous interrogez sur la notion d’ambition, une notion qui a, longtemps été perçue comme strictement masculine. Quelle conclusion tirez-vous des résultats de votre enquête ?

Avec mes co-auteurs, nous avons cherché à savoir comment les jeunes femmes et les jeunes hommes se positionnaient face à la notion d’ambition professionnelle. Les résultats nous montrent que les jeunes femmes sont significativement plus nombreuses à affirmer leur ambition. Un résultat qui contredit l’idée reçue selon laquelle l’ambition serait masculine.

Par ailleurs, les marqueurs de l’ambition ne sont plus tout à fait les mêmes qu’avant. L’enquête montre que cette notion n’est plus aussi stéréotypée qu’avant et qu’elle n’est plus seulement synonyme de réussite et d’ascension sociale. Elle se manifeste un peu autrement chez les femmes. Les réponses des étudiantes et étudiants nous laissent percevoir l’émergence d’attentes professionnelles liées au « collectif » (« Aider les autres ou la planète ») et à la place du travail (« Avoir un équilibre de vie »). Ces résultats font écho à un certain nombre d’études mettant en avant un fort besoin des jeunes générations d’avoir un meilleur équilibre de vie et de donner du sens à leur travail.

De quelle façon les Grandes Écoles peuvent-elles se saisir des résultats du baromètre ?

Comme pour les éditions précédentes, nous avons présenté les résultats de notre baromètre à l’ensemble des membres de l’AFMD et de la CGE lors d’un évènement de restitution dont le replay est disponible en ligne. L’ouvrage est également en libre accès sur le site de l’AFMD pour qu’il puisse alimenter les réflexions de chacun.

Malgré les progrès constatés, il reste encore un long chemin à parcourir pour que les stéréotypes de genre s’effacent des mentalités… Nous devons toutefois garder à l’esprit que les stéréotypes n’apparaissent pas comme par magie à l’entrée de telle ou telle école. Ils sont présents depuis l’enfance et sont généralement véhiculés et entretenus par l’environnement social (famille, amis, médias, société). Pour toutes ces raisons il nous semble essentiel de poursuivre la sensibilisation des plus jeunes et de renforcer nos efforts pour la déconstruction des stéréotypes de genre au sein des Grandes Écoles.

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